Monsieur l'inspecteur

À la recherche des murs porteurs

La vente n’est pas encore conclue que vous rêvez déjà d’agrandir la chambre à coucher et de créer une grande aire ouverte avec la cuisine et le salon ? Attention : en déplaçant des murs, tout pourrait s’affaisser !

« Ce mur est-il un mur porteur ? » En inspection préachat, la question revient souvent. L’acheteur a en tête un ambitieux projet de rénovation et il se doute bien que certains des murs servent à soutenir ce qu’il y a au-dessus.

L’inspecteur en bâtiment pourra offrir un début de réponse, en observant les poutres et colonnes au sous-sol et la structure visible dans les combles. Mais avant d’entreprendre des travaux, il sera préférable d’obtenir l’avis d’un ingénieur spécialisé en structure, qui se prononcera après avoir ouvert quelques cloisons.

« Tout est possible. Un mur porteur qu’on retire devra être remplacé par autre chose, comme une poutre appuyée sur des colonnes. » 

– Nicole Coulombe, ingénieure

Spécialisée en structures de bois résidentielles, Nicole Coulombe aime rappeler un principe bien simple : « Les charges sont comme de l’eau : elles coulent vers le bas. » En d’autres mots : la gravité fait en sorte que chaque élément doit s’appuyer sur un autre, jusqu’à ce qu’on arrive au sol.

PORTEUR OU PAS ?

Voici quelques notions de construction résidentielle qui peuvent nous aider à déterminer si un mur est porteur ou pas.

Par exemple, les fermes de toit fabriquées en usine depuis les années 70 pour installation dans un bungalow sont presque toujours conçues pour avoir une portée aussi large que la maison. C’est donc dire qu’au rez-de-chaussée, on pourrait déplacer les cloisons sans problème.

Attention : certains bungalows plus anciens peuvent avoir des fermes qui requièrent un support central. Dans le cas des maisons modulaires, qui ont été livrées en deux morceaux ou plus, une partie des cloisons a une fonction structurale.

Dès que la maison a plus d’un palier ou qu’elle affiche une structure de toit plus complexe (un plafond cathédrale, par exemple), l’emplacement des murs porteurs devient moins évident à déterminer sans une investigation plus poussée. C’est au sous-sol qu’on aura les premiers éléments de réponse.

Les murs porteurs au rez-de-chaussée reposent habituellement sur une poutre qui a la forme d’une large pièce de bois ou de métal aussi longue que le bâtiment. La poutre repose sur des colonnes, souvent en acier. Il peut y avoir plus d’une poutre. Il sera toujours préférable de ne pas chercher à les déplacer.

CONTINUITÉ DES CHARGES

Plus le bâtiment est âgé, plus il y a de chances que la continuité des murs porteurs d’un étage à l’autre ne soit pas directe, principalement en raison des corridors situés en plein centre des étages.

Prenez un vieux triplex : au sous-sol, on retrouve une grosse poutre centrale, immédiatement sous le centre corridor du rez-de-chaussée. Si un seul des deux murs du corridor est porteur, alors lequel ? À l’étage supérieur, les deux logements sont séparés par un mur de toute évidence porteur, qui est décalé par rapport aux murs du corridor d’en dessous.

Règle générale, les murs porteurs seront perpendiculaires au sens des solives, ces longs madriers qui soutiennent les planchers. Une cloison parallèle aux solives a peu de chances d’être porteuse.

Dans les vieux bâtiments, il arrive que le sens des solives varie d’un étage à l’autre, même d’une pièce à l’autre. Et parfois, avec l’affaissement de la fondation, ou en raison de travaux mal avisés, des murs qui n’étaient pas destinés à être porteurs le deviennent.

« Le bricolage et les “jobs de beaux-frères”, c’est ce qui est dangereux », affirme Nicole Coulombe. Dans un triplex divisé en trois condos, cela peut donner, par exemple, un mur porteur décalé au-dessus du salon du voisin d’en bas. Pour prévenir l’affaissement, il aurait fallu ajouter une colonne en plein milieu du salon !

Les conséquences ? Le plancher s’affaisse, on voit des fissures apparaître dans les murs, les portes frottent sur leur cadre et les planchers de céramique se brisent.

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